PROLONGEMENT DE L'OFFRE CULTURELLE
INCLUSIVITÉ ET PRÉPARATION DES ÉLÈVES
Comment s'inscrivent nos ateliers dans la réalité des classes? Dans la partie qui suit, nous abordons les questions de l’universalité et de l’inclusivité des ateliers, particulièrement en ce qui concerne les prérequis et la langue. Nous expliquons par ailleurs en quoi ils se veulent le plus inclusif possible, et abordons également, au travers de ce spectre, l’utilisation de la musique urbaine comme potentiel vecteur de création. Nous verrons aussi comment s’adaptent les ateliers au programme scolaire, notamment en termes de préparation. Finalement, vous trouverez quelques idées pour prolonger notre offre culturelle en classe.





Capacités prérequises et préparation des élèves
Nous souhaitons nous engager pour un accès universel et équitable à l’art et à la culture, ainsi qu’à leurs bienfaits. C’est pourquoi il nous tient à cœur de proposer un projet d’atelier accessible à toutes et tous, indépendamment des capacités et des réalités de chacun·e, notamment de langue. Par défaut, il n’y a donc pas de prérequis pour cet atelier. Des expériences d’ateliers aussi nombreuses que diverses nous permettent de cibler les besoins de chaque personne de manière spécifique et d’adapter chaque atelier à ses participant·e·s: âges variés (entre 7H et 11H), classes de soutien, personnes en échec scolaire ou en insertion, etc.
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Les ressources dont nous avons besoin sont uniquement celles dont regorgent toute personne est amplement pourvue: la créativité et l’imagination. Comme nous l’avons vu, une des forces de ces ateliers et qui leur confère toute sa magie est que l’enfant fait un apprentissage qui est personnel, entre aptitudes disciplinaires (utilisation des mots, production d’une chanson, etc) et aptitudes transversales (confiance en soi et en l’autre, expression en public, etc). Le travail autour de l’art appliqué dans ces ateliers va chercher chez chacun·e le plus beau, indépendamment de sa réalité, de ses capacités et de ses connaissances.
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Dans la continuité de cette démarche, nos ateliers étant conçus comme un prolongement de l’enseignement musical et linguistique académique, nous construisons sur les connaissances déjà acquises par les élèves en nous y adaptant. Les ateliers ne nécessitent donc pas de préparation spécifique.
La langue
Si nous abordons ces ateliers par défaut en français et/ou en allemand, la langue n’est pas une barrière; au contraire, c’est un magnifique outil. Premièrement, les instruments que nous transmettons étant des outils d’écriture et de création musicale universels, l’accès à la création est garanti pour chaque personne. Libre de s’exprimer dans la langue de son choix, une personne ne parlant pas ou très peu le français et/ou l’allemand peut donc non seulement suivre l’atelier mais surtout se l’approprier. Deuxièmement, grâce au prisme musical dans lequel passent les langues durant l’atelier, l’oralité permet à tou·te·s les élèves de connecter entre eux et elles, peu importe leur origine et leur langue.
Appropriation du canal
Aujourd’hui, la musique urbaine est la plus écoutée dans le monde, particulièrement chez les jeunes. C’est un style qui touche toutes les populations et qui est, de ce fait, une forme familière de langage pour la vaste majorité des jeunes. Elle est donc inclusive et à vaste portée. Au niveau de l’écriture, qui est un des piliers de l’aspect éducatif de l’atelier, cette dimension de « terrain connu», «d’univers familier » , prend entre autres la forme du rap. Dans nos projets musicaux, parmi d’autres styles d’expression, nous pratiquons et chérissons nous-mêmes le rap. Au cours des ateliers, chaque élève est libre de choisir la forme qui sied le mieux à ses envies : slam, prose, chant, ou rap. Ce qui importe est le fond: l’écriture. Ainsi, en termes pédagogiques, la musique urbaine est utilisée comme un soutien à l’objectif de faire des inclinations artistiques et musicales de chacun·e des vecteurs de créativité. En d’autres mots: utiliser les affinités musicales des enfants pour faire de l’écriture un terrain familier où ils et elles sont curieux et curieuses de retourner.
Dans cette école avec une importante mixité de population, on a observé une valorisation de la langue française par des élèves dont elle n’est souvent pas une langue maternelle, ni une langue à laquelle l’accès se fait facilement.
Enseignante de 8H au Schoenberg
Activités à faire en classe
Nous pensons qu’il se distingue trois grands axes sur lesquels l’enseignant·e peut construire pour donner un prolongement à l’atelier.
D’une part, il y a les divers outils utilisés pour activer et débloquer la créativité et l’inspiration en général, par exemple les outils de déconstruction de la peur du juste et du faux. Ces outils, nous l’avons vu, se veulent être un prolongement de l’enseignement académique et s’y inscrivent donc aisément au-delà de l’atelier. À titre d’exemple, les astuces créatives pour surmonter les blocages comme le syndrome de la page blanche peuvent être appliquées pour tout exercice créatif challengeant, à l’instar de la poésie. De plus, ces outils peuvent être facilement adaptés à d’autres champs que l’écriture ou la composition musicale, notamment les ACs.
D’autre part, nous distinguons les outils strictement disciplinaires, c’est-à-dire les instruments d’écriture et de composition musicale. En premier lieu, nous espérons que les ateliers puissent donner aux notions de la langue et de musique discutées dans les « Dimensions pédagogiques » une valorisation ludique qui puisse être bénéfi que et prolongée par l’enseignant·e lors du travail en classe. En un deuxième temps, divers exercices permettent d’étendre la portée de ces outils, par exemple des exercices de « featurings » (=collaboration : deux personnes écrivent individuellement sur la même chanson, leurs textes devant alors se répondre), ou l’enregistrement de sons et de voix pour étayer les compositions. De plus, la rédaction d’une chanson en entier, individuellement, peut prendre le rôle d’un projet d’écriture plus important. Ce cadre d’exploration plus conséquent peut alors devenir le lieu, la raison et la motivation d’un travail plus en détail et plus large des notions linguistiques abordées, comme l’extension aux notions de fil rouge, de métaphores filées, de figures de style, de perspective narratrice, de cohérence des temps, etc. Dans un troisième temps, les élèves ayant vu l’écriture et la composition musicale, l’exercice d’excellence est de composer une base musicale pour un texte, ou inversement d’écrire un texte pour leur propre composition musicale.
Finalement, l’accent particulier porté pendant l’atelier aux valeurs peut être, parfois, le tremplin pour de nouvelles dynamiques intérieures et extérieures chez les élèves, à l’instar d’une perspective nouvelle pour aller au-delà de la timidité, de rapport plus conscient aux moqueries, de persévérance accrue, etc.
Si elle le souhaite, la personne enseignante est la bienvenue pour observer ou pour s’engager tout au long de l’atelier auprès des intervenants. L’échange d’expérience devrait donc pouvoir opérer à ce niveau. Bien sûr, au terme de l’atelier, nous nous réjouissons de toutes questions, observations ou propositions ainsi que de tout contact ou discussion ultérieure, par exemple au travers de notre e-mail ou du formulaire de contact.
Les étoiles plein les yeux... Les élèves étaient à fond! En classe, pour notre Radiobox, les élèves ont su réutiliser le logiciel et créer leur jinggle comme ils le sentaient.
Tania Manelia
Enseignante de 8H à Fribourg
L’outil technologique
Pour la composition musicale, nous avons délibérément sélectionné un logiciel ayant une version gratuite totalement fonctionnelle. L’écriture peut se faire partout, tout le temps, sans aucun moyen et l’objectif est d’ouvrir la même possibilité pour la production musicale. C’est un avantage important : les élèves apprennent directement à se servir à leur guise d’un outil disponible dans n’importe quel cadre, à la maison aussi, ne nécessitant pas de moyen financier.